La Fusion : Entre Tradition, Créativité et Responsabilité

La fusion est un sujet qui suscite toujours des débats. Certains la voient comme une évolution naturelle de l’art et de l’expression humaine. Tandis que d’autres, la considèrent comme une menace pour l’authenticité et la tradition.

Et si on en discutait ensemble? 🙂

POINT DE VUE PERSONNEL

Pour moi, en tant que danseur et professeur de danse, la fusion n’est pas seulement une option, c’est une nécessité. C’est le chemin qui permet à un artiste—qu’il soit danseur, peintre, artiste martial, sportif ou écrivain— d’affirmer son identité, à explorer pour atteindre le Saint Graal de la Création et évoluer tout en respectant la tradition.

Mais il y a un point essentiel que beaucoup oublient : la fusion ne peut pas venir d’un manque de ressources et j’entends par là, la connaissance et comment on se l’approprie.
Nous ne pouvons pas justifier la fusion d’un style ou d’une discipline par un besoin de créativité alors que l’on ne connaît déjà pas entièrement l’art que l’on fait, ni celui que l’on aborde. Une fusion authentique naît d’une compréhension approfondie de chaque élément, et non d’une improvisation par pseudo nécessité superficielle : marketing, tendance (likes, vue, booking…).

Cette démarche aura pour seuls résultats de dégrader les arts concernés et provoquer la montée de boucliers des passionnés exclusifs protecteurs de leur art chéri.

Baila Cubano - Map of the Latin Musique

LA FUSION COMME UNE RECETTE : CONNAÎTRE AVANT DE MÉLANGER

Imaginons que la fusion soit comme la cuisine. Il ne s’agit pas simplement de mélanger des ingrédients au hasard, mais de bien les connaître avant de les combiner.  Dans Top Chef, quand l’épreuve consiste à sublimer un plat de poisson, mais que les ingrédients ajoutés en masquent totalement le goût et trahissent l’objectif initial, c’est un échec cuisant lol !Tout est question d’équilibre et d’intention.

De même, faire une salade composée d’ingrédients « bruts » sans préparation où chaque ingrédient est traité de la même manière et où l’on identifiera les goûts de chacun d’entre eux sans les sublimer n’est pas pareil que de cuisiner, cuire aux bonnes températures, saucer, assaisonner spécifiquement tous ces ingrédients pour donner un goût spécifique avec du caractère comme une bonne “Ropa Vieja” (cf photo).

Il en va de même pour l’art et la danse. Pour fusionner correctement deux styles ou genres, il faut d’abord en comprendre l’essence. On ne peut pas mélanger ce que l’on ne connaît pas. Il faut maîtriser chaque “ingrédient” séparément avant de les associer. Sinon, le résultat sera une fusion sans identité, sans structure et sans âme.

FUSION EN DANSE : UNE MAÎTRISE, PAS UN PRÉTEXTE

L’une des erreurs courantes est de croire que la fusion est une alternative viable lorsque nous rencontrons un frein dans notre progression. Nous voulons faire quelque chose de différent alors que finalement, nous ne maîtrisons pas totalement notre style. Et que nous ignorons beaucoup de ses richesses mais aussi de ses limites.
Autrement dit, quelqu’un qui n’a pas vraiment maîtrisé un genre peut croire qu’il crée une fusion. Alors qu’en réalité, il improvise simplement pour masquer son manque de connaissance et que ce qu’il vient de faire existe déjà surement. Cela n’est pas de la fusion. Ce n’est que l’illusion d’un raccourci “facile” mais qui est en réalité une voie sans issue pour celui qui cherche véritablement à progresser.

Fusion ou Improvisation

 

Il est important de différencier fusion et improvisation. Car, l’improvisation en danse, que ce soit en Hip-Hop ou en Rumba Columbia, n’est pas un acte aléatoire.  C’est le résultat d’un long entraînement et apprentissage. Un bon improvisateur ne crée pas des mouvements au hasard. Il joue avec ses connaissances et les adapte au moment présent.

En Hip-Hop, par exemple, un freestyler qui ne connaît pas les bases du Breaking, du Popping ou du Locking… ne pourra pas improviser avec qualité. En Rumba Columbia, un danseur qui ne comprend pas le rythme, les codes, les chœurs, les concepts créatifs du danseur et le dialogue avec le percussionniste ne pourra pas improviser avec cohérence.

Si déjà l’improvisation exige une grande maîtrise, comment peut-on imaginer fusionner sans d’abord maîtriser les styles de base?

LA FUSION COMME UN ACTE DE RESPONSABILITÉ

Une fusion mal réalisée peut entraîner la perte de l’essence des styles originaux. Lorsqu’on mélange sans réflexion, on risque de déformer le message, la technique et l’histoire de chaque discipline. Voilà pourquoi la fusion doit être un acte conscient. Une démarche dans laquelle on respecte les fondements et l’on comprend ce que l’on construit et assemble.

Prenons l’exemple de la musique cubaine. Elle a évolué au fil des siècles en intégrant des influences africaines, européennes, américaines pour revenir à de nouveaux éléments issus d’Afrique. Toutefois, ces fusions ne sont pas le fruit de l’ignorance ; elles sont nées d’une connaissance approfondie de chaque tradition. C’est cette compréhension qui permet à la musique cubaine de rester vivante et pertinente depuis aussi longtemps (exemple: la Timba). Et d’être encore aujourd’hui, l’une des cultures les plus écoutée et dansée dans le monde.

La force de la fusion est qu’elle est souvent la porte d’entrée d’un nouveau public. Elle permet d’attirer les curieux et de donner de la visibilité à la tradition pouvant être délaissée. Pour qu’une langue soit vivante, il faut qu’elle soit parlée par beaucoup et par toutes les générations… Même si par moment elle sera un peu dénaturée, il en va de sa préservation.

Le titre “La Cafetera” de Yoruba Andabo repris par Maykel Blanco y su Salsa Mayor, l’une des icones de la TIMBA, est un des hommages par la fusion dans la musique populaire.

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Conclusion

La fusion est essentielle à l’évolution de l’art. Cependant, elle ne peut pas être un prétexte pour contourner un manque de ressources ou d’apprentissage. Pour qu’une fusion ait de la valeur, elle doit s’appuyer sur le respect, la connaissance et la maîtrise. C’est seulement ainsi qu’elle pourra apporter quelque chose de nouveau sans dénaturer ce qui existe déjà.

Peut-on échouer dans une fusion ? Bien sûr. Mais de ces erreurs, on apprend.

Et au final, ce qui compte, ce n’est pas que la fusion plaise à tout le monde, mais qu’elle parvienne à connecter, à émouvoir et à apporter quelque chose de réel au monde.

Et toi, qu’en penses-tu ?

 Guiroooooooo 

fares.shanguito
fares.shanguito

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