La Salsa Cubaine, toujours une danse à deux?

Je ne sais pas si c’est le cas pour vous mais j’ai l’impression qu’en salsa cubaine et en général, de plus en plus de danseurs ne dansent plus en couple mais séparés physiquement et sans connexion par un quelconque regards.

Chacun vit son expérience de son coté, chacun pour soi (ou peut-être l’un contre l’autre ?).

C’est un phénomène que j’ai l’impression de voir et même de ressentir parce que je m’étonne à participer à son renforcement par moment.

Comment en est-on arrivé là ? Est-ce dû au fait que nous progressons seuls? Dans ce cas travailler seul est-il une « tache de fond » ou un objectif principal ?

 

 

En partant du postulat que le partenariat et les complicités en Salsa Cubaine ou Salsa Casino sont moins présents qu’avant, il y aurait pour moi deux cas qui y conduiraient :

  • Le danseur / danseuse qui a travaillé individuellement sur son style et qui est concentré à placer ses moves en situation réelle sans considération des éléments extérieurs (partenaire, musique, espace, sol…)
  • Le danseur / danseuse qui veux prouver de quoi il est capable (à sa partenaire ou au public)

Qu’est ce qu’un bon “danseur”?

Lorsque l’on est débutant, se dit-on je veux apprendre à danser la salsa comme « Lui » ou « Elle », ou je veux apprendre à danser la salsa comme « ce couple » ? Je pense que la réponse à cette question dépend de chacun.

Dans les deux cas comment définirait-on un bon ou très bon danseur ?

La question a été posée à des professeurs, aux partenaires, et à des personnes qui regardent d’autres couples danser.

Voici un résumé des commentaires les plus pertinents pour moi :

    • Professeurs et Maestros : Un bon danseur est quelqu’un qui danse “juste”. Qui propose et réalise un mouvement avec fluidité au moment qui convient le mieux en fonction de la musique ou de sa partenaire.
      Dans le cas d’un danseur professionnel c’est aussi sa capacité à transmettre des émotions.
    • Partenaires : Un bon danseur est quelqu’un qui est en échange avec son ou sa partenaire, qui propose et qui n’impose pas uniquement
    • Public : Un bon danseur est quelqu’un qui fascine. C’est aussi quelqu’un qui donne une impression de facilité.

 

Toutes ces réponses sont vraiment intéressantes. Pour conclure cette partie avant de continuer, je peux vous demander qui suivez-vous d’avantage, votre professeur, votre partenaire ou le public ?  Je pense que cela sera votre réponse qui est celle restante, le point de vue du danseur lui-même avant tout. Ecrivez-nous votre pensée, elle nous intéresse 🙂 

Une danse où l’on progresse individuellement?

En tout cas il semble qu’aujourd’hui, la recrudescence de cours de salsa con “X”, et de stages sans partenaire (Reggaeton, Salsa Suelta…) ont fait que l’on s’est quand même d’avantage renforcé sur la progression individuelle plutôt que celle en couple. Ces cours de styling sont très bénéfiques pour la progression (j’en donne d’ailleurs notamment Salsa con Rumba), mais se sont pour moi des compléments et non pas des cours qui servent de base pour commencer à danser.

Sur les derniers évènements et festivals que j’ai pu faire j’ai aussi été étonné par le nombre de stages qui était donnée de manière individuelle. Même les stages dits de Timba étaient finalement des chorégraphies individuelles. Il y a de moins en moins de cours en couple Son/Casino… D’ailleurs les cours de Cha Cha Cha ont été délaissés par les écoles/soirée/festival alors que le genre musical plaît (à tous lorsque l’on demande) et qu’il rencontre notamment beaucoup de succès dans les festivals Mambo / «Porto».

 

Pour les organisateurs je peux comprendre que les cours en couple posent plusieurs contraintes :

  • Le Nombre de partenaires hommes / femmes le plus égal possible
  • Le Niveau des partenaires pour la progression

 

Toutefois la solution est simple et comme dans les cours traditionnels, nous pouvons changer très régulièrement de partenaires ou faire des pré-réservations de cours comme beaucoup le font déjà.

Donc je ne pense pas que la raison soit là, mais plutôt que c’est la « tendance ». Les organisateurs répondent uniquement aux attentes des amateurs (dans le sens passionnés).

Il est vrai qu’il est beaucoup plus évident / facile de travailler seul. On peut bosser des moves en tout temps et avec moins de contraintes. Alors que trouver une partenaire régulière qui souhaite travailler sur les mêmes déplacements ou figures, n’est pas chose aisée. Aussi pour être en progression constante, travailler seul devient primordial.

Une soirée étant un lieu de pratique ou un laboratoire pour beaucoup, on se concentre peut-être plus à placer des moves que l’on a vu individuellement qu’à vivre le moment présent avec sa partenaire ?

Un Sport Collectif!

A partir du moment où l’on pratique un « sport d’équipe » (de 2 lol), les individualités peuvent faire gagner un match mais aussi le perdre !

Pour faire le parallèle avec les sports collectifs (Football, Basketball, Handball…), la somme d’individualités ne fait pas forcément une bonne équipe. On le voit en pleine coupe du monde où l’équipe avec les meilleurs joueurs peut se faire battre par une équipe plus « faible » sur le papier mais avec beaucoup plus de cohésion.
Une forte individualité comme Griezmann ou Neymar peuvent faire gagner un match mais peut-elle faire gagner un championnat ou une compétition dans la durée ?

En résumé, on peut faire une super danse en étant inspiré individuellement mais dans la durée on attendra une certaine limite et cela ne fera pas de nous forcément un bon danseur.

De plus, il ne faudrait pas non plus que la danse devienne de la surenchère à qui danse le plus, faisant partie de la même équipe. Ce n’est pas le danseur ou danseuse qui doit briller mais le couple si on est dans cette démarche de “mini show”.A Cuba il y a une phrase qui dit :

 

« ce n’est pas celui qui danse le plus mais celui qui danse le mieux ».

 

Je dis souvent cette phrase tout comme mon ami Cristian Mauricio car nos maestros n’arrêtaient pas de nous le dire.

Cela est-il réellement bénéfique In Fine ? Je me mets dans la peau du passionné et professeur et non pas de l’organisateur (comme d’hab quoi lol). Je sors donc la partie comptable.

La danse est l’équilibre entre le cavalier et la cavalière et entre les danseurs et la musique je pense donc que cet équilibre doit être maintenu aussi dans l’apprentissage. Pour moi la priorité est la connexion entre la partenaire et la compréhension de la musique.

 

La Partenaire ou la Musique?

 

Du coup, laquelle est la plus importante, Partenaire ou Musique?

Bah les deux pardi ! C’est comme choisir entre ta femme et ta mère lol. Facile à dire hahahaha

Certaines musiques ont tellement de breaks musicaux comme El Bembe de Maykel Blanco que cela serait un gâchis de ne pas les marquer lorsque l’on aime la musique. L’idéal serait de les improviser toujours en respectant un équilibre entre elle et lui, ou soit le guider. Ce qui d’un coup devient beaucoup plus complexe.

Vous pouvez aussi lire mon autre article “Pourquoi la musique cubaine est faite pour être dansé?” qui met davantage le focus sur la musique.

De plus en plus on peut voir en soirée que les danseurs deviennent très musicaux et c’est génial.
Ils respectent aussi de plus en plus les genres musicaux notamment Rumba. Mais cela doit tout de même rester  une danse « à deux » avec un contact physique ou visuel en incluant la phase d’interprétation musicale.

Bon, cela serait dans un monde parfait et sans émotions. Parce que souvent, la musique agis tellement fort sur nous que l’on oubli où on habite, avec qui on est… On pourrait même en arriver à se demander si ce n’est pas un rêve (c’est du vécu ! Lorsque j’étais à certains concerts, au 1er festival Guaguanco de Barcelone ou encore à VIC <3 )

Danser en étant en permanence dans le control ne serait plus de la danse sociale (où professionnelle) ?

Toutefois dans cette hypothèse « parfaite ». Le guidage pour les hommes et son l’interprétation pour les femmes deviennent les éléments les plus importants pour cette réussite. Cela n’est pas possible avec toutes et tous en fonction des niveaux de chacun, vitesse et connaissance de la musique bien sûre, mais surtout car nous avons oublié que la connexion est ce qui fait la force de la danse à deux (Communication et Guidage) et que nous commençons à le perdre de vu !

Il serait intéressant de voir revenir les cours de guidages, de déplacements, de communication sans contact… qui finalement ne sont pas forcément dépendant d’un style de danse mais à un état d’esprit, celui de « danser à deux ».

Jorge Camagüey a lancé le festival  “Puro casino y sazón” où le couple est la star du festival. Lancera t’il une nouvelle tendance comme la fait le “Guaguanco Festival“?

Cette réflexion est venue car je le sens aussi dans ma danse, et  je veux que cela change et savoir comment faire pour continuer d’avancer. On apprend tous les jours et encore plus dans une danse et une culture qui ne sont pas les nôtres « d’origine ». Cela fait aussi partie de notre kiff.

La danse reste avant tout un plaisir! Ce texte s’adresse surtout aux passionnés qui veulent encore et toujours progresser.
Et c’est un passionné qui a tenté de l’écrire et non pas un “Messi(e)” 😛

 

Qu’en dites-vous, je serais vraiment intéressé d’avoir votre point de vu. Pour cela n’hésitez pas à commenter sur facebook à m’écrire sur fares.shanguito@bailacubano.com

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 Guiroooooooo

fares.shanguito
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