La Rumba est un genre musical folklorique d’origine Cubaine. Elle est composée de 3 formes principales que sont le Yambú, le Guanguancó et enfin la Columbia. Chacune de ses formes se joue, se chante et se danse par ailleurs avec leurs propres spécificités.
Inscrite au patrimoine de l’UNESCO en 2016 comme représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la Rumba est sans nul doute la mère de la musique cubaine contemporaine et cela depuis son origine au XIXème siècle.
La musique et les mouvements de la Rumba à Cuba tirent racine dans la culture africaine métissés avec des éléments de la culture espagnole provoquée par la colonisation.
Historiquement, la Rumba Cubaine s’est développée entre le XVIIIème – XIXème siècle dans les quartiers défavorisés des villes cubaines comme Matanzas et La Havane. Souvent près des ports à la croisée des chemins et des solares, elle a été particulièrement populaire dans les zones rurales où vivaient des communautés d’esclaves africains.
Il faut noter que la Rumba se joue généralement lors de regroupements festifs pour différentes occasions (naissance, anniversaire, mariage, enterrement…) parfois ouvertes à tous: Rumba Abierta.
Le public dessine un cercle devant le groupe de musiciens et chanteurs pour que les danseurs puissent s’exprimer. Au XIXème siècle les regroupements interdits et sévèrement châtiés, les Rumbas étaient alors secrètes.
Quant aux chants rumberos, ils sont uniques et fusionnent poésie, histoire, légende et vie quotidienne.
La Rumba est un symbole majeur de la société et de l’identité cubaine.
Elle est l’expression de l’estime de soi et de résistance aux difficultés de la vie quotidienne que supportaient les esclaves. Il faut souligner que depuis son origine la Rumba est une bouchée d’air et une Ode à l’espoir.
Diosdado Ramos, directeur des célèbres Muñequitos de Matanzas qui sont une institution dans le monde la Rumba, est une encyclopédie vivante de la Rumba. J’ai pu m’en rendre compte lorsqu’il m’a reçu chez lui pour échanger sur le sujet.
Dans une interview pour Cubania.com voici ce qu’il explique:
L'Introduction / Diana / Lalaleo / Llorao
Partie chantée avec une signature typique faisant penser au flamenco. Elle est accompagnée de la clave puis des percussions. Cette introduction sert à présenter le thème avec une histoire et à préparer les chœurs. Toute cette partie introductrice est dédiée au chanteur principal. La Diana ne se danse pas !
Estribillos - Dialogues Soliste / Coros
Interventions courtes des chœurs permettant de ponctuer le récit du chanteur principal (Gallo) et de donner plus de relief et d’accentuation à l’introduction ( échanges à toi – à moi). Le guía (soliste) improvise pendant que les chœurs lui répondent.
Coros
Partie ou la musique s’accélère progressivement pour arriver au Montuno. Les chœurs introduisent le refrain.
Montunos = Climax
Partie où les refrains sont chantés en concert par l’ensemble du groupe et de la foule. Par le Montuno, le chanteur principal invite les danseurs à les rejoindre pour s’exprimer avec leurs meilleurs pas de danse.
Pour commencer, le Yambú est la forme de Rumba la plus lente, plus mélodique et une des plus anciennes. Ses origines seraient dans les quartier défavorisés de la province de Matanzas. Le Yambú se danse en couple bien qu’il n’y ait pas de connexions fortes avec son ou sa partenaire. Toutefois, il n’est pas rare par la suite de voir des couples danser quelques pas de Son très courts. Dans l’ensemble, cela se danse sur un tempo lent avec un jeu de séduction où l’homme essaye de conquérir la femme.
Comme le soulignent de nombreux refrains en Rumba, le Yambu est universel. C’est-à-dire qu’il est fait pour que tout le monde puisse le danser de 7 à 77 ans et plus d’ailleurs. Ce style est souvent privilégié par les personnes d’un certain âge gardant le sens originel du Yambú. Actuellement, on voit de plus en plus le Yambú se rapprocher de la danse du Guaguancó et de se distancer de son ADN initial.
Atttention: Le Yambú no se vacuna!
Quant à lui, le Guaguancó est la forme la plus populaire et plus moderne de la Rumba Cubaine. En effet, c’est la forme évolutive et urbaine du Yambú. Pour ce qui est de la musique et la danse, elles mettent en avant l’attraction entre l’homme et la femme à travers un jeu de couple le Vacunao ou Abrochao. L’homme attend l’opportunité pour essayer de « vacciner » sa partenaire, pendant qu’elle se protège de ses tentatives. Un véritable jeu d’acteur studio 😀
L’intention du danseur peut être déclenchée par toutes les parties du corps ou d’un foulard, chapeau… Alors, la danseuse se protège avec sa main, sa robe ou une écharpe… Bien que le but général est de vacunar sa partenaire, l’objectif réel est l’élégance et l’habileté lors des tentatives et les protections.
Née dans les zones rurales de Matanzas, la Columbia est surement la forme la plus ancienne de la Rumba. A l’inverse des autres formes de Rumba, la Columbia se danse seul et est dédiée aux plus grands danseurs. Cette forme musicale est aussi très exigeante pour les musiciens qui doivent maintenir une cadence très élevée pendant parfois plus de 30min.
En résumé, on peut dire que la Columbia est l’un des premiers Battle de danse urbaine. Cela paraît anachronique mais c’est vrai. Lors d’une Columbia les meilleurs danseurs se défient tour à tour pour prouver leurs habiletés physique, technique, musicale et la virtuosité dans laquelle ils les exécutent. Chacun essaye de surpasser le précédent dans le chaudron, en la caliente. D’autre part, réservée initialement aux hommes, il y a toujours eu des femmes rumberas qui la dansaient.
Enfin, la Columbia s’arrête généralement lorsque le chanteur estime que le meilleur danseur est passé ou aujourd’hui lorsqu’il n’y a plus de danseurs souhaitant entrer dans le cercle.
Il existe également d’autres styles ou courants de Rumba : Rumba de Santo, Rumba de bottella, Jiribilla, el Guarapachangeo…
De nos jours, la Rumba se joue avec des Congas, Chekeré, Kata y Clave, mais avant il suffisait d’une paire de cuillères, de ses mains et de caisse de morue ou de goyave pour commencer la fête. Née dans la rue, la Rumba se danse partout, au Théâtre et dans le monde.
La Rumba est un art de vivre. Une manière d’être, de parler, marcher, de s’habiller…
Les danses et les chants expriment une sincérité profonde, une grâce, une sensualité et une joie qui vise à relier les gens, quels que soient leur origine sociale et économique, leur sexe ou leur appartenance ethnique.
Vous avez surement dû le remarquer, la Rumba est omniprésente dans la Timba que ça soit en musique comme en danse. Elle apporte une véritable couleur par les mouvements et dans l’interprétation. D’ailleurs, de nombreuses danses se sont inspirées de ces mouvements.
Voici un exemple!
Il faut également signaler que si la Rumba est reconnue patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, cela est aussi dû au succès qu’elle a connu en Europe. Notamment dans les festivals, comme le premier festival Afro-Cubain d’Europe (2010) le Guaguanco Festival de Barcelone organisé par Jorge Camaguey. Le travail de partage et de sauvegarde culturelle fait par l’alliance de danseurs et professeurs cubains et de passionnées Européens ont été l’un des déclencheurs de cette reconnaissance officielle.
Bonus
Voici quelques groupes de Rumba iconiques : Los Munequitos de Matanza, Yoruba Andabo, Clave y Guaguanco, Los Papines, Timbalaye , Afro Cuba …
SAUTEZ LE PAS AVEC VOTRE PREMIER COURS !
Après la théorie, passons à la pratique. Rumba ou de Salsa con Rumba, c’est parti!
La Rumba te LLAMA !
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Guirooooooooo
6 comments
Super article ! c’est pas toujours facile d’y voir clair dans les danses cubaines
Merci 🙏
Hello Damien, merci beaucoup.
C’est vrai que cela n’est pas évident d’avoir les bonnes informations, que cela soit en cours où par d’autres sources.
Mais c’est aussi ce qui rend la recherche passionnante 😁
En tout cas, c’est un plaisir de partager cela avec vous !
Merci beaucoup pour cet article passionnant.
C’est avec plaisir! D’autres articles arrivent bientôt sur des thématiques complémentaires 🙂
Merci Fares pour cet article et ces démonstrations vidéo qui nous aide à mieux comprendre la salsa que nous dansons aujourd’hui, ses racines, son histoire.
Cette danse, cette musique, ces traditions font partie d’une histoire que tu continues à transmettre.
Merci de partager ta passion (communicative) et tes connaissances.
Article très complet, j ai apprécié. Mpina